4.4.11

ITALIE/ Centres Céramiques. TURIN/Le "Baroque Turinois.



ITALIE /XVe et XVIe siècles.Nombre de villes d'Italie ont eu des ateliers de potiers. Aux XVe et XVIe siècles, des centres prospères existaient dans le centre et nord-est de l'Italie : Toscane, Marches, Ombrie.

FLORENCE & FAENZA : Florence et Faenza ont  été les centres de fabrication les plus importants, actifs dès le  XVe siècle.
Ces faïences se distinguent par leur caractère décoratif. Le groupe le plus ancien (deuxième quart du XVe) est celui des vases dits "à feuilles de chêne", de style oriental en vert sur fond d'émail blanc laiteux.
A la fîn du XVe siècle, la technique, les formes s'affinent, décor et palette s'enrichissent.
Ateliers faentins les plus réputés, la "Casa Pirota" étaient en activité entre 1520 et 1535. C'est surtout à partir de 1535, au temps de  "Baldassare Manara", grand "artiste" que s'imposa l'habitude de copier des gravures. La production de Faenza perdant alors toute originalité, se confond avec celle d'Urbino.
CAFFAGIOLO : Le nom de "Caffagiolo" sur les faïences du début du XVIe siècle, prouve l'existence d'ateliers de potiers dans cette  ville près de Florence. Les Médicis, qui en avaient fait une de leurs résidences, favorisent le développement d'une fabrication luxueuse apparentés à celle de Faenza. Les plus belles pièces de Caffagiolo, de style florentin appartiennent au XVIe siècle. Padoue, Ravenne, Cesena, et Forli imitèrent la fabrication de Faenza. Celle de Sienne, a laissé de beaux pavements à décor de grotesques sur fond noir et des pièces, portant la signature de "Maestro Benetto". Un potier siennois, Galgano di Belforte, séjourna à Valence pour y apprendre le secret du lustre métallique. De retour en Italie, il fabriqua des faïences à l'imitation des grands plats hispano-mauresques. Le procédé également connu en Ombrie devait faire la réputation des ateliers de Deruta et de Gubbio.
DERUTA : C'est à Deruta, près de Pérouse, qu'on attribue toute une riche vaisselle à reflets métalliques. Au XVIe siècle, les personnages apparaissent et on a relevé la signature de "El Frate in Deruta", sur plusieurs plats a la couleur  jaune chamois très particulière.
Deruta encore en activité au XVIIIe siècle imitait les faïences françaises.
GUBBIO : Les produits de Gubbio s'inspirent des dessins rayonnants de Deruta, et des grotesques de Castel-Durante, puis des scènes à personnages d'Urbino ; mais se distinguent par la légèreté et la finesse de leur pâte, par la perfection et l'éclat de leur lustre métallique,  rouge carminé ou "rouge rubis". On en attribue l'invention à "Maestro Giogio Andreoli", établi à Gubbio à la fin du XVe siècle.
La belle époque des faïences lustrées est la première moitié du XVIe siècle. Par la suite, les potiers de Deruta et de Gubbio se contentèrent de copier des gravures.
CASTEL-DURANTE : Castel-Durante dont la production se confond au XVe siècle avec celle de Faenza, devint l'un des centres les plus réputés de l'industrie céramique italienne. 
A Castel-Durante travailla  le fameux "Nicolo Pellipario", connu à Urbino sous le nom de "Nicolo da Urbino". Les ateliers de Castel-Durante restèrent en activité jusqu'au XVIle siècle, mais à partir du milieu du XVIe siècle, leurs œuvres ne se distinguent plus de celles d'Urbino
URBINO : A Urbino, les  potiers n'apparaissent que vers 1500, artisans venus de Faenza ou de Castel-Durante. Leur industrie d' Urbino dès le milieu du XVIe siècle s'imposait à toute l'Italie.Les potiers exploitent une palette riche où domine le jaune-orangé. Le décor cesse d'être subordonné à la forme, le style s'unifie dans la copie des gravures, et la céramique n'est plus que le reflet appauvri de l'art des grands maîtres de la renaissance .
Parmi les artistes les plus réputés : "Xanto Avelli daRovigo" a signé de son nom en entier ou en abrégé, ou simplement d'un X..., des pièces qui s'échelonnent de 1522 à 1542. Les "Fontana", dynastie d'artistes, répètent les grandes composition de Raphaël. A la fin du XVIe siècle un nouvel atelier, celui des "Patanazzi", jouissait d'une grande vogue.
Outre ces grands centres de fabrication, nombre de villes d'Italie: Rome, Viterbe, Rimini, Ferrare, eurent des ateliers.
La fabrication se poursuit aux XVIIe et XVIIIe siècles. Monte-Lupo conserva la spécialité des vases inspirés de l'orfèvrerie et couverts d'un vernis brillant noir ou bleu sombre. Venise se distingue par son émail gris-bleuté. Gênes et Savone ont laissé des produits de caractère industriel, dont le décor bleu d'une exécution assez négligée rappelle celui de Delft.
NAPLES ET CASTELLI : Après la renaissance, les centres de fabrication se déplacent vers le sud. Des fabriques de céramique existent dès le XVIe siècle, au royaume de Naples, mais c'est seulement au XVIIIe siècle, avec Castelli, qu'ils connurent le succès.
Les faïences de Castelli, d'une tonalité pâle, rehaussée d'or, pièces de service, assiettes ou tasses décorées de sujets religieux, scènes rustiques ou galantes. Les "Grue" et les "Gentili" se succèdent de père en fils à la tête des ateliers jusqu'au XIXe siècle.
Cependant la période originale de la céramique italienne est close, son apogée correspond à la Renaissance. Par la suite, les procédés de la faïence peinte sur émail stannifère s'étant répandus dans toute l'Europe, les produits de Delft, dès le XVIIe siècle, ceux des fabriques françaises au XVIIIe, supplantèrent la majolique italienne.

LA PORCELAINE TENDRE :
PORCELAINE DES MÉDICIS :
Dès la renaissance, les potiers italiens imitent les porcelaines de Chine. Après les premiers essais infructueux de Venise (1519) et de Ferrare, la tentative la plus intéressante fut faite à la manufacture de Florence, ouverte en 1575 par le  grand-duc François ler de Médicis, et fonctionnant jusqu'en 1587.
Une porcelaine artificielle est obtenue par un mélange de 80 % d'argile blanche et de 20 % de substance vitrifiée (fritte). On connaît une soixantaine de ces pièces florentines dites "Porcelaines des Médicis" et souvent marquées des armoiries des Médicis ou du dôme de Florence.
Ce sont des pâtes tendres qui n'ont pas la délicatesse de celles que fabriquèrent au siècle suivant les céramistes français.
La manufacture des Médicis fut ensuite transportée à Pise jusque vers 1620.

PORCELAINE DURE :
A la fin du XVIIIe siècle l'Italie reprend ses recherches et réussi à fabriquer de manière régulière une belle porcelaine dure.

VENISE : La première fabrique de porcelaine dure  est fondée à Venise par Francesco Vezzi (1651-1740). Cette manufacture est en activité de 1720 à 1727, et son biscuit égale celui de Meissen.
La fabrique vénitienne de Cozzi produit de la vaisselle de table, et quelques sculptures en porcelaine grise de qualité inférieure. La fabrique existat de1764 jusqu'en 1812.
DOCCIA : La manufacture italienne de porcelaine qui eut la plus longue existence fut celle de fondée par Carlo Ginori à Doccia, près de Florence, en 1735. Elle existe encore de nos jours sous le nom de Richard Ginori.
De 1770 à 1790, la pâte grise de la porcelaine est le plus souvent masquée par un émail blanc et opaque, à base d'oxyde d'étain' habituellement réservé aux faïences.
C'est à Doccia que sont fabriqués les "sujets en bas relief". Ce style a été largement copié par les porcelaines allemandes du XIXe siècle, marquées d'un "N" surmonté d'une couronne. Cette marque est, à l'origine, celle de la porcelaine tendre de la fabrique royale de Naples, fondée en 1771.
CAPO-DI-MONTE : La plus belle porcelaine jamais produite en Italie provient de la fabrique que le roi Charles III de Naples (Charles de Bourbon) installa, en 1736 , dans le palais de Capo-di-Monte.
Lorsqu'il fut appelé au trône d'Espagne (1755), il emmena avec lui une partie de ces artisans qui poursuivirent leur fabrication à Buen-Retiro près de Madrid, en 1759, conservant pour marque la fleur de lys gravée et rehaussée de bleu ou d'or.
Les deux établissements firent principalement des porcelaines tendres à l'imitation de celles des ateliers français, elles s'en distinguent par leur style rococo et leur surcharge d'ornements en relief Buen-Retiro copia les céramiques de Wedgwood et exécuta de grandes pièces d'ameublement et jusqu'à des décorations murales entières telles que celles des salons de porcelaine d'Aranjuez et du Palais royal de Madrid.
Pendant la seconde période de leur fabrication, Capo-di-Monte marque de I'N couronné tandis que Buen-Retiro adopte une marque formée de deux C face à face.

ITALIE/TURIN
"Le baroque turinois", ARIELE/VIBI.
La production céramique des années 1900/1950...
"Fantaisiste fantastique et baroque", la ceramique italienne, compte parmi ces artistes, Gio Ponti, Guido Andlovitz, Antonia Campi, Fausto Melloti, Fornasetti, Alessio Tasca, Gambone...les manufactures, SCI Lavenia, R.Ginori, F. Pozzi, F.Brambilla...
Dans les années 1950 à Turin, parmi Lenci, la plus connue, d'autres petites unités de production telles Vibi ou Ariele (qui n'exista que de 1956 à 1962) produisent des pièces exubérantes, de formes libres, et "extrêmes", certainement inspirées des recherches de A.Campi à la SCI Ceramica Lavenia située pas loin à Laveno.
Ces céramiques et leurs formes, sont à rapprocher du mobilier biomorphique de Carlo Mollino et sa conception très expressive du design, plus proche du Futurismo et Surréalisme que du Rationalisme en vogue a Milan 
Ingénieur designer architecte, natif de Turin, C.Mollino par le Biomorphisme exubérant des ses oeuvres qualifié de "baroque turinois" marquera les créateurs Italiens de la deuxième moitié du XX e siècle... 
A la même époque, dans le design italien, un courant "néo liberty" s 'opposant au "style international" apparut... la production céramique de Vibi et Ariele sont dans cet état d'esprit.