28.9.11

Suzanne RAMIE/Atelier MADOURA/ VALLAURIS/ France





SUZANNE RAMIE/MADOURA.
Suzanne (Douly) Ramié, 1905/1974,  aborde la typologie de la poterie populaire du sud de la France après avoir brillament fait une entrée dans le monde du textile. Elle redessine les objets usuels, va faire évoluer leurs formes, les amène vers d’autres usages.
C’est sa rencontre avec Georges Ramié avant la seconde guerre mondiale et son passage à Vallauris qui l’incite à ouvrir un atelier. 
Ce sera MADOURA (MAison DOUly RAmié),
Son œuvre met en avant la simplicité des formes, et la subtilité de l’émaillage.
Cette rigueur sur sa production pousse à la comparaison avec la production industrielle sans en conserver la froideur et l’impersonnalité. 
Ses émaux sont appliqués dans la nuance comme pour mettre en évidence un volume, comme pour faire ressortir une démarche philosophique et une pensée, comme pour suggérer un espace, un monde, des mondes, des grands espaces, des univers.
Ses émaux « appuient » la forme et lui donnent une vraie dimension. Ces bouteilles, ces pots, ces vases prennent alors une dimension artistique.
En 1948, MADOURA accueille Picasso. La présence du maître et sa boulimie étouffe l’œuvre de Suzanne Ramié. Pendant deux ans Picasso créé et MADOURA se meurt. L’idée géniale de l’édition consacre financièrement les Ramié.
L’œuvre de Suzanne Ramié pourtant bien présente dans la création des années 50, restera discrète comme la subtilité de ses formes et de ses matières. 

Dès le début de sa production, Suzanne Ramié s’inspire des formes traditionnelles qu’elle réinterprète avec un œil plus moderne. Elle est particulièrement attentive aux émaux, qu’elle met au point elle-même, ayant acquis cette technique auprès de Jean-Baptiste Chiapello, un des vieux potiers de Vallauris. Son mari s’occupant plus de la cuisson des pièces.

PICASSO avait découvert Vallauris et ses artisans en 1936 ; mais ce n’est que dix ans plus tard qu’il y revient, et crée quelques céramiques chez les Ramié. L’été suivant, Suzanne Ramié l’invite à venir voir ses pièces après leur cuisson. C’est à ce moment-là, en 1947, que Picasso décide de se lancer dans ce mode de création.Il y restera jusqu’en 1971.L’Atelier Madoura a toujours gardé une petite structure, avec quelques tourneurs,dont Jules Agard qui fût le plus ancien, et donc le plus proche de Picasso. Mais on peut noter de nombreux autres céramistes plus ou moins connu. Jean Derval, y travaille dès 1948, pour une période de deux ans. Suzanne Ramié a crée ses propres céramiques tout au long de sa vie, parallèlement au travail effectué avec Picasso. Celles-ci sont toujours d’une grande qualité, avec des formes à la fois simples et massives, rigoureuses et originales.








VALLAURIS.
Avec l'arrivée des Ramié (Suzanne  et Georges) en 1938,  Vallauris va connaître une période d expansion et de reconnaissance mondiale qui verra son apogée (âge d or)  vers 1950 après l ' arrivée de Pablo Picasso aux ateliers MADOURA.

La poterie culinaire, production « historique », de Vallauris décline dans l’entre-deux-guerres. Cependant, dès la fin des années 30, de jeunes artistes commencent à arriver à Vallauris, 

Ce mouvement se prolonge pendant et juste après la seconde guerre mondiale. Cette nouvelle génération participe au renouvellement de l’exposition traditionnelle, Poteries – Fleurs – Parfums, qui se tenait chaque année au Nérolium, coopérative agricole où est produit le néroli, essence de fleur de bigaradier, et qui avait été interrompue pendant la guerre. L’arrivée de Picasso impulse un tournant décisif, va créer une effervescence notable,et la ville devient « la cité des 100 potiers ».
Ainsi, à la suite de Picasso, d’autres artistes célèbres comme Marc Chagall, Edouard Pignon, Anton Prinner, Victor Brauner, s’initient à la céramique, à Vallauris. Precedant, Picasso, ou parallèlement à son arrivée, des jeunes gens, la plupart issus d’écoles d’art, s’installent à Vallauris, et créent chacun à travers leurs personnalités différentes, un foyer artistique extrêmement riche. On peut citer Robert Picault, Roger Capron, Jean Derval (Callis) Andre Baud, Robert Perot, Mallarmey, Baudard (le Vieux Moulin) Gilbert Portanier…
Les différents céramistes que regroupe la ville sont tous d'excellents techniciens et des chercheurs passionnés. Parmi eux  René MaurelHenri Grailhe, les 2 potiers,  Les Archanges (Gilbert Valentin), La poterie du Grand Chêne (Odette Gourju et Lubina Naumovitch), Jacques InnocentiJuliette Derel et J Rivier, Les Argonautes (Isabelle Ferlay et Frédérique Bourguet), Alexandre KostandaFrançois Raty, l'atelier du Tapis VertGabriel Sébastien Simonet dit « Sébastien », Charles Voltz, Voldemar Volkoff, Michel Anasse, Peter, Denise Orlando...





Leurs personnalités se détachent peu à peu de l'influence de Picasso. Vers 1972, la céramique vallaurienne est en pleine expansion. Après le passage de Picasso (qui meurt en 1973), Vallauris demeure un centre de poterie d’art et de pièces uniques. De grands noms tels que Boncompain, Roger Collet Gilbert PortanierFrancine Del Pierre, Jaque Sagan, Marius Musarra, Olivier Roy, Gilbert Valentin, Albert et Pyot Thiry, conservent leur atelier dans la cité.
Certains continuent a installer des ateliers d autres s'en vont...
Les formes dérivées de l’utilitaire sont toujours très présentes mais cette nouvelle génération se tourne également, peu à peu, vers des formes plus sculpturales et également vers l’architecture.
Cette jeunesse n’est pas la seule à développer une production remarquable. D’autres se distinguent, comme celle de Jean Gerbino qui a travaillé au début du XXe siècle chez les Massier et qui est installé comme artisan à partir de 1930. Il a mis au point une technique de terres mélangées qui trouve son plein épanouissement lors de cette décennie. L’entreprise s’est poursuivie avec ses deux gendres, Joseph Capra et Edouard Alziary, puis avec le gendre de ce dernier, Yvan Koenig.
De même, les fabriques traditionnelles (Giuge, Grandjean-Jourdan, Saltamacchia, Foucard-Jourdan…) participent à ce mouvement en renouvelant une production de qualité.